Voyager de façon responsable et durable

Soir de tempête

La première tempête

La première tempête.

Je ne comprends pas pourquoi l'électricité fonctionne toujours. Même le wifi est relativement rapide, et pourtant, le vent souffle si fort. La maison craque. Ça sonne comme quinze souffleuses à neige dehors. On peut sentir l'air passer à travers toutes les fenêtres. Fermer les volets : bonne idée. Rester près de la chaufferette : encore mieux. On m'invite à jouer aux cartes : misère...

Pour aller dehors, il faut pousser la porte de toutes ses forces. Se rendre à la voiture est une aventure en soi. J'ai déjà cinq centimètres de neige sur la tête et il faut que j'enlève les dix autres qui s'accumulent sur le pare brise. Il fait froid, je regrette déjà mon choix d'être sortie. Les routes sont balayées par la neige, on n'y voit rien. Je roule lentement. Il neige à l'horizontal aux Îles. Ce n'est pas un mythe. C'est vrai, je le jure. Les flocons volent de gauche à droite, mes essuient-glace en font de même. Je garde mon calme : tout va bien.

Tempête aux Îles

Drôlement, je me sens très proche de la nature. C'est comme un combat de « c'est moi le plus fort » que je ne gagnerai jamais. Il y a aussi quelque chose de magnifique dans le blanc infini. Je me sens comme dans un tableau. Le genre de tableau ou l'artiste aurait peint une grosse tache rouge (ma voiture) au milieu de tout ce blanc. Un tableau auquel on aurait donné un titre comme : « Prendre des risques » ou « Mauvaise idée » ou encore « Nouvelle arrivante ». J'arrive à bon port. La tisane n'est pas de refus. On joue aux cartes sans se soucier du dehors. Il fait chaud. On rit aux éclats. La tempête est encore plus belle d'en dedans.

Le moment de quitter arrive. Je donne juste assez d'élan à ma voiture pour qu'elle ... reste prise dans l'énorme banc de neige qui s'est formé derrière. Pelleter. Pendant une heure. Dans le noir. Dans la neige. Finalement rentrer chez moi, à bout de nerfs, à bout de souffle. La tempête bat encore son plein. Ce sera une longue nuit. Je me réveille à toutes les minutes : ma voiture s'est-elle envolée? Le vent souffle encore si fort, j'ose à peine regarder par la fenêtre. Le lendemain, j'ai les yeux collés, j'ai à peine dormi. La première chose qu'on me dit : « c'est drôle, on n'a pas eu la tempête qui annonçait finalement ».  C'est là que ça frappe, je ne viens définitivement pas d'ici.

Depuis, je me suis habituée aux tempêtes. Je les trouve toujours aussi belles. Le vent m'aide à dormir et j'aime la sensation de se faire brasser en dedans. J'ai aussi appris à rester à la maison quand vraiment le ciel devient tout blanc.

Par Alissa Brunetti

Alissa est tombée par hasard sur les Îles de la Madeleine et n'en est jamais vraiment revenue. Elle a les cheveux pleins de sel, le coeur dans le vent et est fière d'appeler ces petites bouées au beau milieu du Golfe sa nouvelle terre d'adoption.

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